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Tsilla's Univers
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7 juin 2014

Critique Les montagnes chantaient la liberté Hélène Legrais

Source: Externe

Résumé :

Font-Romeu, 1943. Fuyant Paris occupé, Amédine a interrompu ses études à la Sorbonne pour retourner chez ses parents à Perpignan. Pour essayer de canaliser son caractère indépendant et passionné, ceux-ci l’ont envoyée chez son grand-père adoré à Font-Romeu, station climatique pyrénéenne huppée, dont l’établissement emblématique, le monumental Grand Hôtel, a été réquisitionné par la Wehrmacht pour en faire un hôpital. Prêtant main-forte à sa tante qui tient un salon de thé, Amédine y retrouve, malgré l’omniprésence des uniformes vert-de-gris, l’ambiance des vacances de son enfance, renoue avec un ancien camarade de jeu, Vincent, le fils du charcutier. Dans le village, on leur prête une romance mais Amédine a d’autres préoccupations. Elle a besoin de se sentir utile. Elle s’engage au sein d’une filière d’évasion vers l’Espagne. Au nombre des fugitifs, de nombreux juifs fuyant les persécutions nazies comme le petit Tenenbaum qui deviendra plus tard Jean Ferrat, et soudain, à sa grande surprise, Daniel Meyer, un étudiant dont elle était follement éprise à Paris…

Née à Perpignan, journaliste à France Inter puis à Europe 1, Hélène Legrais est actuellement chroniqueuse sur France Bleu Roussillon. Avec cette passion communicative qui la caractérise, elle nous fait revivre le destin d’une de ces héroïnes anonymes de la Résistance qui sacrifièrent leurs rêves de femme pour sauver des innocents des griffes des bourreaux.

 

Critique : 

Commençons cette critique par l'un des seuls points négatif de ce livre : sa couverture absolument déguelasse. Venant moi-même d'organiser un concours de graphisme pour la mienne, je suis étonnée par ce travail clairement réalisé avec les pieds. Tout d'abord, si vous êtes allés ou si vous habitez dans les Pyrénées Orientales, vous pourrez remarquer que ce paysage montagnard est alpin, ou juracien à la limite...Mais pas du tout pyrénéen. Pourquoi ce léger détail est-il si désagréable? Quand vous lirez les descriptions d'Hélène Legrais, vous aussi, vous vous direz que ses écrits doivent trouver un écho graphique : non seulement le pays est superbe, mais la description lui fait honneur. Sur ce, je propose au graphiste de coller une belle plage de Normandie sur la prochaine affiche promotionnelle de Plus belle la vie. 

De plus, le roman se déroule plutôt en période printanière et estivale (la neige ne venant que tardivement...) donc la couverture est d'autant plus inadéquate d'un point de vue temporel. Ok. La montagne, la neige, ça vous gagne. Cependant, Amédine, Vincent et les autres ne se déplacent pas en skis et en raquettes dans les plaines verdoyantes (ou alors ils auraient des drôles de loisirs). 

Quand aux deux allemands posés sur la neige et dont la tête touche presque les fenêtres (mesurent-ils 3 m10?), je n'ai rien d'autre à dire sinon : sérieux? Même à l'époque de mes quatorze ans, quand je faisais des montages avec photophiltre, c'était plus crédible (et pourtant...). 

Et pour donner un aspect "vieillot" au tout : tada, une ptite touche de colorisation marron qui fait même pas "genre vieilli" mais juste "genre j'ai essayé de donner un aspect de l'époque mais j'étais tellement sous-payé que j'ai eu la flemme de bien faire mon travail". 

Je n'ai qu'une seule proposition à faire : Graphiste, "Au bûcher!" Et éditeur qui accepte ce genre de travail qui le propose à l'écrivain en lui disant "trop tard, t'as plus le choix!" : bin, "Au bûcher" également. Un livre est un bonbon ; quand le goût est délicieux, il mérite un emballage digne de ce nom. 

Voilà. 

Sinon la pagination est réalisée de façon tout à fait correcte, et la qualité du papier est excellente. 

Passons à présent au contenu du roman, son écriture, et ses personnages. 

L'écriture est si fluide que j'ai eu du mal à m'arrêter. Dévorer cent pages d'une seule bouchée, sans s'arrêter, sans avoir le temps de prendre mon souffle : voilà qui fut fait. Je ne me suis pas ennuyée : il y a de l'action, et surtout du rythme. Je me suis laissée portée par l'écriture, j'étais dans Font-Romeu, au coeur de cette "drôle de guerre", je côtoyais les personnages. Le récit, le paysage, les anécdoctes : tout est vivant. 

L'Histoire se mêle avec l'histoire du roman, sans donner pour autant un caractère pompeux ou trop savant. Je propose qu'on mette "Les Montagnes chantaient la liberté" au programme des troisième en Histoire ; ce sera toujours plus palpitant qu'un paragraphe dans un manuel scolaire. Hélène Legrais décrit avec précision ce qu'était la vie quotidienne de Font-Romeu à cette époque ; un pari difficile, mais gagné. 

De plus, l'écriture est tellement accessible et savoureuse que l'on s'imaginerait presque pouvoir écrire ces lignes. Les phrases ne contiennent jamais que le "sujet-verbe-complément". Sous une apparente simplicité, elle recèle et relève d'une complexité étonnante. Tout est dans le dosage de l'intensité et du rythme. Elle a aussi une profondeur psychologique presque palbable : on connaît le caractère des personnages non seulement par les descriptions, mais aussi par leurs paroles et par leurs actes. 

J'ai adoré détester certains personnages (Léonie, ou encore les collabos ou des juifs); j'ai aimé en adorer d'autres (Amédine, Daniel et Vincent). 

Toute l'histoire découle des personnages : de leurs caractères, de leurs désirs, de leurs défauts...Et plus particulièrement, du personnage principal. Amédine, une jeune femme intelligente, à la fois "lumineuse et douleureuse", est une héroïne malgré elle. Elle s'engage dans la résistance et sauve d'autres personnes. De bout en bout elle apparaît comme inadaptée à la société : elle brille tellement par son intelligence qu'elle en devient éblouissante. La fin, loin d'être heureuse ou fataliste, est tout simplement réaliste. Elle tire à boulet rouge sur l'incapacité d'accepter la différence ; en temps de guerre ou non. 

Les Montagnes chantaient la liberté est l'un des livres à avoir dans sa bibliothèque, et surtout, à avoir lu. 

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