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Tsilla's Univers
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10 septembre 2016

"Avoir 20 ans"

Voici les textes sélectionné dans le recueil "Avoir 20 ans", rédigés en 2011-2012.

Le thème est simple : qu'est-ce qu'avoir 20 ans aujourd'hui, hier ou demain? En voici quelques uns. Bonne lecture!

Ces textes publiés sont portégés.

 

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Le sac d'un manifestant de 20 ans

Un sandwich au thon, un briquet, une bouteille d’eau fraîche, quelques slogans, quelques chants, un paquet de cigarette écrasé, un billet de 10 euros échappé d’un porte-monnaie, des pétitions, en vrac, des tracts, des idées pour reconstruire le monde, un porte-monnaie, des stylos sans capuchon, du carton, des autocollants «Contrat Précarité Extrême » , « Chirac, Villepin et Sarkozy, votre période d’essai est finie », un porte-voix, un portable, des rêves, un plan de métro de la ville de Paris, le programme de son parti, une utopie. Une carte du parti communiste, une carte d’identité.

 

Rythes et Itinéraire d'un adolescent

Il ouvre les yeux, en les gardant fermés. Puis, il se prépare. Et merde, encore une journée. Il s’observe curieusement dans le miroir. Il croit être son image, ses reflets. Il part de chez lui, à vélo, en bus, à pieds. Il se remémore toutes les matières de la journée. Il inventera encore une excuse pour son devoir inachevé. Des excuses. Il « tape la bise aux potes » devant le lycée. Aujourd’hui, cette jeune fille a mis un joli décolleté. Il demande la salle où il va s’ennuyer. Il avance, tête baissée. Il entre en cours à reculons. Il va directement s’asseoir au fond. Il regarde par la fenêtre et il semble attendre que le temps s’efface. Comment pourrait-il se sentir à sa place ?

(A la sonnerie, il se précipite dehors. Il allume sa première cigarette de la journée. Elle dépose sur ses lèvres un goût amer, entre deux bouchées de fumée. Il respire cette petite mort, il faut bien mourir un jour, autant la choisir. Il a commencé comme

tout le monde, pour paraître plus grand qu’il ne l’est, se donner un style, comme il dit. Il discute, il rigole, puis à la fin de cette parenthèse, il doit tout recommencer. Putain, ça fait chier.)

Après la sonnerie tant attendue, la cohue commence. Sortir, enfin.

Il retourne chez lui, en traînant le pas. Il mange des repas mal décongelés. Il fume encore une fois. Il part encore. A l’entrée, tout recommence. Il croise une amie, et lui raconte une histoire banale qu’il a dramatisée. Elle l’écoute avec attention, le conseil, le console. Elle sera toujours là pour lui, il le sait. Sa vie est tragique. Il est son propre personnage. Il traverse une crise de l’existence, personne ne le comprend. Personne, même pas elle, qui le regarde, droit dans les yeux. La sonnerie retentit. Allons-y !

Il s’enfonce dans les couloirs, jusqu’à atteindre la salle des profs. Il donne un devoir avec quatre jours de retard. Son ordinateur était en panne, vous comprenez ? Il retrouve ensuite ses potes, avec qui il se moque du monde. Serait-ce l’émergence de l’ironie ?

Puis, tout recommence. Tout recommence toujours. Existe-t-il un point final à cette période de merde dans la vie ? Il assiste enfin au dernier cours de la journée. Il dessine, fait des sudoku, des mots fléchés. Cinq lettres pour un roi célèbre...Charlemagne, ça ne rentre pas. Plus que quelques années à tirer, plus que quelques minutes avant la liberté. Ses yeux sont fixés sur le cadran de son portable, comme si le temps, en le regardant, allait s’éclipser. Il sort. Enfin. Il fume encore, mais pour s’évader. Il s’attarde avec quelques potes devant le lycée. Il rentre, fatigué. Il s’est « tapé des barres ».Il rentre chez lui. Il pose son sac sur la rambarde, son manteau sur le canapé, ses pieds sur la table. Il se fait gronder. Il dit que ce n’est pas de sa faute aussi, putain, il est fatigué, fais pas chier ! Il se sent agressé. Ses bras font barrage sur sa poitrine, sa figure se décompose. La tension monte. Elle lui crie qu’elle est sa mère, qu’il doit la respecter, qu’il ne faut pas lui parler comme cela. Mais pour qui tu te prends ?

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Il monte l’escalier, entre dans sa chambre s’enfermer. Il poste sur le net, les dernières photos de sa soirée trop arrosée. Il passe le temps, le dépense. Il envoie des textos : « cc ca vas toi ? Lol ». Il se fait appeler pour dîner. Il crie qu’il arrive, et il continue tranquillement sa discussion. Il se fait disputer. Il mange en silence. Il débarrasse la table. Il monte s’enfermer encore. Il fait ses devoirs à l’arrachée, Platon, il n’a pas tout « pigé ». Il lit. Il envoie un dernier texto. Il éteint, en pensant que demain tout va recommencer. Il s’endort. Il rêve. Au fond, il attend un ciel un plus dégagé.

Illusion (parler de ses 20 ans avec des infinitifs) :


Étudier.

Étudier, étudier, étudier, prendre le bus, prendre le train, marcher, courir, travailler, manger, dormir.

Rêver.

Étudier, travailler, dorm...travailler, prendre le train, courir, manger, courir, mémoriser, fermer les yeux, et...dormir. Se réveiller. Essayer de se rendormir. Avoir mal. S’étirer. Dormir, se réveiller. Petit déjeuner, et...

étudier, étudier, étu...STOP !

Penser, être, Se construire ?

Éclater, se rompre, vouloir tout quitter, partir. Partir. Mais, affronter, positiver, dédramatiser, trouver et embellir. Profiter. Prendre conscience.

Vouloir se construire.

Projeter, vouloir devenir, être et avancer. Penser. Réfléchir. Se donner un sens.

Oublier, pardonner, sourire, rire, pleurer, tout lâcher, se défaire, encore dépendre, se satisfaire, tomber amoureux, vouloir être heureux, apprendre, connaître sans jamais savoir, dire bonjour, au revoir. Passer, dépasser, se surpasser. Vouloir se libérer. Attendre. Expérimenter, essayer, tenter, se lancer. Comprendre.

Vouloir vivre...

Vivre.

 

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